Chers camarades,
Nous vous présentons pour commencer nos meilleurs vœux pour cette nouvelle année.
2020 fut une année très particulière pour tout le monde, et en particulier pour les enseignants : absence de consignes de la part de la hiérarchie dans le cadre de la crise sanitaire, gestion calamiteuse de la crise par nos autorités, disparition des CAPD mouvement, réforme des retraites…
La crise sanitaire sert aujourd’hui de prétexte pour accélérer encore la déréglementation.
Nul doute que l’année qui commence ne dérogera pas à la poursuite de la casse du service public.
Nous sommes persuadés que vous partagez avec nous ce sentiment de flou et d’incohérence qui préside aux décisions ministérielles et académiques depuis plusieurs mois – voire plusieurs années – et que vous subissez comme nous tous cette gestion erratique s’apparentant toujours davantage à de l’hérésie et de la maltraitance institutionnelle.
En tant qu’organisations syndicales représentatives des personnels, il est de notre responsabilité de faire obstacle à la détérioration croissante des conditions de travail de tous nos collègues.
Nous voudrions à ce titre rendre hommage à SUD Education et à la CGT-Educ’action, deux organisations syndicales avec lesquelles nous avons très souvent trouvé des convergences dans la lutte de ce qui nous tient le plus à cœur : la défense du statut, une réelle revalorisation de nos traitements et la résistance contre toutes les tentatives de territorialisation de l’école de la République. Malheureusement, en Moselle, ces deux organisations syndicales ne sont pas représentatives.
A nos confrères du Snuipp-FSU, du SE-UNSA et du Sgen-CFDT de la Moselle, organisations syndicales représentatives des personnels de Moselle, avec le Snudi-FO,
Les nombreux collègues que nous rencontrons chaque année nous posent inlassablement la même question : qu’attendons-nous pour lutter contre toutes les attaques que la profession connaît depuis tant d’années de façon unitaire ?
Il est triste de constater que dans nos dénominations on puisse retrouver les mots « union » ou « unitaire », mais pas toujours dans les faits.
Lors de la CAPD du 12 février dernier, en guise de déclaration liminaire, nous avions posé la question suivante : « Un dialogue social est-il encore possible ? »
Depuis, le dialogue social ne cesse de se dégrader. Nous nous réjouissons que vous ayez tous accepté notre proposition de demande d’audience commune au Dasen à ce sujet. Tout comme nous nous réjouissons des rares prises de position communes que nous arrivons à obtenir.
Pourquoi ne sommes-nous pas capables de nous unir pour le bien de tous nos collègues ? La question mérite d’être soulevée…
Nos trop nombreuses divergences suscitent parfois l’incompréhension des collègues qui ne comprennent pas toujours que nous n’arrivions pas à nous mettre d’accord.
Celles-ci sont parfois nationales. Nous sommes ainsi par exemple les seuls à avoir voté contre PPCR et contre la réforme des rythmes scolaires. La réalité du terrain nous prouve que nous avions raison, puisque vous dénoncez régulièrement les effets néfastes de ces réformes qui ont été votées par vos syndicats nationaux.
Mais nos divergences sont également fréquemment locales.
Voici un retour sur l’année écoulée, analyse à laquelle nous vous invitons à nous répondre.
En janvier, nous étions en plein conflit social contre la réforme des retraites. Si cette réforme passait en l’état, nos pensions seraient diminuées d’un bon tiers pour les dernières générations de collègues. Elle ferait perdre beaucoup à tous les collègues dont le seul tort est d’être né après 1975.
Pourquoi une simple concession sur « l’âge d’équilibre » suffit-elle à vous faire rentrer dans le rang, chers confrères de la CFDT et de l’UNSA ? Pourtant nous étions heureux en décembre 2019 de montrer un front syndical unitaire.
Pourquoi n’appeler qu’à des journées d’action (ce que nous appelons des grèves « saute-mouton ») dont l’inefficacité est démontrée conflit après conflit, chers confrères de la FSU ?
Nous rendons certes service aux collègues qui nous demandent de les défendre, nous n’hésitons pas à les accompagner chez nos IEN et notre Dasen mais nous ne sommes pas qu’un syndicat de service !
Il aurait suffit d’organiser une grève dure et reconductible pour faire reculer ce gouvernement tant notre profession est indispensable à la société même si trop souvent nous sommes de fait « la garderie nationale ». Si nous avions suivi avec autant de force les cheminots et autres agents de la RATP pour ne citer que les plus courageux, nous n’en serions sans doute pas là.
Puis est venu le temps du premier confinement… Nous avons renseigné et soutenu de nombreux collègues.
Où étiez-vous à la reprise quand nous devions obtenir protection et protocole efficaces ? Où étiez-vous quand il fallait dénoncer que nous devenions de fait des facilitateurs de la reprise économique du pays et non plus des enseignants ? Où étiez-vous quand nous seuls, comme dans un désert, demandions inlassablement à notre ministère de fournir des masques FFP2, les seuls considérés comme véritable moyen de protection par le code du travail ?
Nous, FO, par le biais de notre Union Départementale, avons adressé un courrier à tous les maires de Moselle pour leur demander de ne pas ouvrir les écoles tant que les conditions sanitaires n’étaient pas satisfaisantes et avons aidé les collègues des écoles à rédiger des motions pour appuyer cette revendication.
N’oublions pas combien le contexte était alors anxiogène et incertain au regard des risques qu’on faisait prendre à tous nos collègues, craintes qui se sont avérées justifiées au regard du nombre de contaminations de collègues qui n’ont bien entendu pas été rendues publiques. Nous avons alors interpellé le Dasen à de nombreuses reprises pour dénoncer l’absence de cadrage qui ne plaidait pas en faveur de nos conditions de travail.
Concernant la carte scolaire pour la rentrée de septembre 2020, pour la première fois depuis fort longtemps, notre département a obtenu une dotation positive, complétée encore ensuite par une dotation complémentaire dans le cadre de la crise sanitaire, pour ne pas fermer de classe en milieu rural. Mais ne nous leurrons pas : ce sont notamment les chiffres de moyenne d’élèves en maternelle largement au dessus de la moyenne nationale qui ont permis à notre Dasen de les obtenir. Il n’y a pas de quoi s’en satisfaire. Pour notre part, nous avons salué cette embellie éphémère mais comme globalement nos conditions ne s’améliorent pas et que le nombre de titulaires mobiles ne suffit jamais à faire face aux besoins, nous avons, comme à notre habitude, voté contre cette carte scolaire car nous souhaitons lutter contre cette politique globale d’austérité. Pour la rentrée 2021, la dotation est nulle pour notre académie, faisant craindre une dotation négative pour le département de la Moselle.
Chers confrères de l’UNSA et de la CFDT, pourquoi votez-vous le plus souvent favorablement lors des CTSD carte scolaire, alors que nous fermons beaucoup de classes ?
Chers confrères de la FSU, pourquoi vous abstenez-vous année après année alors que vous dénoncez avec véhémence lors de ces instances les mêmes manquements de l’État ? Nous n’oublions pas qu’en 2018, vous vous êtes abstenus alors que vous aviez appelé les collègues à se mettre en grève et à venir manifester devant la DSDEN. C’est pour le moins incohérent ou alors peu courageux.
Le 10 novembre, plusieurs organisations syndicales dont la nôtre ont appelé à la grève, pendant que le SE-UNSA, resté sourd à nos appels, appelait à écrire un message au Ministre pour lui faire savoir notre état d’esprit, considérant que faire grève risquait de mettre en péril les équilibres trouvés dans le cadre de la crise sanitaire. Nous avons tenté en vain de faire adopter un appel intersyndical départemental à la grève qui n’a finalement été rédigé qu’avec la CGT Educ’Action.
Lors de l’Assemblée Générale des grévistes de Moselle, organisée en visioconférence, nous avons fait adopter une motion à l’unanimité, avec un contenu très similaire à notre proposition d’appel. Les collègues présents regrettaient que l’appel national du Snuipp-FSU n’ait été fait que sur des questions sanitaires, oubliant totalement les autres revendications, parmi lesquelles la question centrale des salaires.
Si nous avions réussi à rédiger un appel intersyndical avec un mot d’ordre incluant la question des salaires, il y aurait sans doute eu plus de grévistes en Moselle.
Le 26 janvier prochain, une grève est prévue dans l’Education Nationale. Ce 6 janvier, une intersyndicale départementale FO, FSU, CGT et SUD s’est réunie afin d’échanger et d’organiser cette journée de grève. Nous regrettons que l’UNSA et la CFDT ne se sentent pas à ce jour concernées par ce mouvement. Quelle autre catastrophe devons-nous encore attendre après cette année destructrice pour enfin ouvrir les yeux sur le sort réservé à notre profession ?
Selon nous, il faut que cette journée de grève soit suivie massivement. Pour autant, nous considérons qu’il est indispensable d’ouvrir dès maintenant des perspectives en appelant à une grève reconductible. Nous déplorons qu’à l’issue de cette réunion intersyndicale, nous soyons les seuls à envisager cette option.
Comme les soignants il y a quelques mois, nous, personnels de la « garderie nationale », sommes aujourd’hui indispensables au bon fonctionnement de l’économie. C’est une occasion unique de nous faire entendre en nous mobilisant jusqu’à satisfaction des revendications.
Cela n’est sans doute pas un hasard si, alors que les CAPD mouvement et promotions sont en train de disparaître, le nombre d’adhérents du Snudi-FO ne cesse d’augmenter, prouvant ainsi que l’heure est à la résistance et que les collègues n’adhèrent plus seulement à un syndicalisme de service. Selon nous, le rôle d’une organisation syndicale n’est ni d’accompagner les (contre)-réformes, ni de plaire à notre hiérarchie, ni encore de se préoccuper de pédagogie ou de politique, mais uniquement de défendre les conditions de travail des personnels.
Malgré nos dissensions syndicales, nous souhaitons saluer votre engagement qui, comme nous le savons, demande beaucoup de temps, d’énergie et surtout de convictions.
Malheureusement, ces dernières ne font que renforcer le pouvoir de notre hiérarchie.
C’est pourquoi nous appelons à une lutte unitaire et durable qui sera la planche de salut de notre profession déjà gravement mise à mal par des attaques successives contre nos statuts.
Le conseil syndical du Snudi-FO 57