Devant la dégradation des prises en charge des élèves à besoins particuliers et les nouvelles attaques contre les conditions de travail des personnels (enseignants et AESH), le SNUDI FO 57 a décidé, en septembre 2023, de lancer une enquête sur l’inclusion scolaire en Moselle.
Il s’agit pour nous, 1ère organisation syndicale de l’académie Nancy-Metz auprès des AESH et 2e syndicat de Moselle auprès des PE, d’apporter un éclairage sur la situation de l’inclusion scolaire sur la base de ce qui est réellement vécu en classe. Nul besoin d’être devin pour voir ce que chacun subit silencieusement chaque jour, mais il s’agit maintenant d’en donner l’écho et la visibilité la plus large possible, pour faire connaître les situations intenables pour les élèves et les agents, pour faire reconnaître les situations de souffrance et obtenir gain de cause sur nos revendications légitimes !
Le SNUDI FO revendique :
un statut et un vrai salaire pour les AESH
la fin de l’inclusion systématique et indifférenciée sans aide
le maintien des structures de l’enseignement spécialisé
la création de places nécessaires dans les établissements sociaux et médico-sociaux
le retrait de l’acte II de l’Ecole inclusive !
Sommaire
Résultats de notre enquête « inclusion »
Pourcentages calculés sur la base des résultats de l’enquête du SNUDI FO 57 auprès des agents Professeurs des Ecoles et AESH de Moselle entre Septembre et Octobre 2023.
Extraits des témoignages recueillis
Extrait 1
Un élève présente un comportement perturbateur et dangereux en classe. Il met divers objets en bouche (en les avalant parfois), grimpe sur les différents meubles, essaie d’escalader les armoires, se jette par terre. Il met également les autres élèves en danger, il renverse les chaises, jette les jeux, à travers la classe et parfois en direction des autres. Il nécessite une surveillance constante qu’il est impossible de mettre en place. Il empêche ses camarades de réaliser des activités en raison de ses comportements, il détruit également le travail réalisé par les élèves en atelier. Aucune des méthodes mises en place pour tenter d’apaiser son comportement n’ont fonctionné jusqu’à présent. Il présente un réel danger pour lui mais aussi pour les autres élèves.
Extrait 2
Classe de 23 CM2 dont: 1 élève de niveau CP faible et travail individualisé (GEVASCO en cours suite à IP car parents refusaient. IMPOSSIBLE de faire autrement que d’individualiser) 1 élève de petit niveau ce1 avec travail individualisé (idem) 1 élève avec 4 ans d’AESH dont les parents n’ont pas renouvelé le gevasco (arrive d’une autre école) 1 élève autiste asperger qui aurait bien besoin d’un accompagnement humain (non demandé?) 1 élève avec TDA. Je suis sollicitée EN PERMANENCE par l’un ou l’autre de ces élèves et peine à m’occuper correctement des autres, dont certains sont bien en difficulté. Ce qui est sur le papier une classe « tranquille » de CM2 s’avère être un cp-ce1-cm2 avec 5 EBEP au moins…
Extrait 3
Actuellement j’ai un élève bénéficiant d’une AESH à 50% et les adultes et enfants de l’école sont souvent tapés, mordus par cet élève malgré la présence de L’AESH. Par le passé nous avons connu une grave situation de violence physique et insultes de la part d’un élève mais les parents ont toujours refusé de l’aide, jamais voulu de la psychologue scolaire, jamais voulu se faire suivre en dehors de l’école… ce de la GS au CM2 , des collègues ont été en arrêt , en souffrance.
Extrait 4
Actuellement je suis un élève maintenu en GS simplement parce qu’il n’y a pas de place en structure spécialisée ! Je ne fais que de la garderie le système scolaire ne correspond plus à ses besoins pour un son développement et son épanouissement !
Extrait 5
En maternelle les diagnostics sont souvent “en cours”, les dossiers MDPH non montés et pas ou peu de soins en exterieurs (CMP, hôpital de jours,…). Pas de place en IME ou ITEP avant les 6 ans. Les parents débutent souvent dans le parcours de diagnostic et soin, donc l’accueil à l’ecole est très difficile. On n’est pas formé pour accueillir des enfants avec de tels profils, on ne sait pas comment rendre l’école épanouissante pour eux, on ne sait pas comment adapter et protéger les autres élèves des classes avec des profils parfois différents (hurlements, coups, non respect des règles…) On se sent démunis.
Extrait 6
Des coups physiques, une très grande nuisance sonore pour la classe où il est impossible pour la PE et les autres élèves de continuer à travailler…. Moralement et physiquement épuisant, souffrance pour les élèves, la professeure, l’AESH et l’enfant autiste (pour qui l’école publique n’est pas du tout adapté ne serait-ce que par les bruits…)
Extrait 7
J’accueille 2 enfants dont les troubles sont sévères et donc extrêmement difficiles à gérer. C’est avec le soutien des collègues et des parents concernés que nous avons pu trouver une solution passagère qui rend la situation en classe vivable et que je peux exercer mon métier avec les 25 autres élèves. Ces 2 enfants ne sont accueillis qu’une heure car au-delà c’était intenable et ingérable mais quel est l’intérêt de les accueillir une heure ? Dans leur cas l’inclusion n’a aucun sens car ils ont besoin d’un encadrement spécialisé. Leur présence en classe est une entrave pour les apprentissages des autres enfants.
Extrait 8
Il y a quelques années j accompagnais un élève qui chaque fois que je tournais la tête me plantait son crayon de papier bien taillé dans la main. Il n avait que 10 à 15 min d attention dans la journée. C était un enfant qui relevait d un Itep.
Extrait 9
L’équipe de circonscription ne vous apporte aucune aide : ce sont les parents qui décident et refusent souvent une scolarisation à temps partiel et un suivi spécialisé. Comme l’école est obligatoire les enseignants se débrouillent….ou démissionnent. L’inclusion actuelle c’est de la maltraitance pour les enfants porteurs de handicap mentaux : on les oblige à être scolarisé dans un milieu totalement inadapté.
Extrait 10
Depuis cette rentrée je suis confrontée à un élève avec des crises de violence. L’élève a tenté de se sauver plusieurs fois en escaladant les grilles de l’école. Cet élève a été violent avec moi: coups, morsures, griffures. Nous avons déjà fait plusieurs faits établissement. Cet élève, alors qu’il était assis à côté de moi, m’a lancé ses ciseaux au visage lorsque je lui ai demandé de sortir un livre. Le maitre G est arrivé dans la demi-heure, s’en est suivie une nouvelle crise. L’élève a lancé au sol tout ce qu’il se trouvait dans l’entrée de l’école (carton, tableau).
Extrait 11
Depuis la rentrée, un élève éruptif a quotidiennement mis en danger ses pairs, les adultes ainsi que lui-même : Il saute sur les canapés, se jette par terre, il monte sur les tables, il court, ouvre les portes et tente de se sauver, il donne de violents coups de pied dans les portes et dans les meubles, il hurle, il jette le matériel. Il bouscule ses camarades, les insulte, les tape, ils ont des mouvements de crainte à son approche. Il insulte les adultes, il m’a donné des coups de pied, il m’a tordu les doigts. Cet élève est en grande détresse psychologique malgré toutes les aides mises en place. Aucune blessure grave n’est heureusement à déplorer mais cette surveillance constante est épuisante et je suis très inquiète pour cet enfant et pour les autres.
Extrait 12
Depuis la rentrée, l’élève est très difficile à canaliser. Il n’a pas d’attention, il ne veut pas respecter les règles de la classe, il veut passer son temps à jouer ou à dessiner. Quand j’arrive à le mettre en activité il passe la séance à faire des bruits avec sa bouche pour nous déranger durant le travail ou à embêter son camarade.
Extrait 13
Au moment où j’allais lancer les activités, un élève à besoins éducatifs particuliers a sorti et brandi un couteau (qu’il avait pris à la cantine) dans ma direction en hurlant « je vais te tuer sale connard » et s’est précipité vers moi. J’ai attrapé une chaise à proximité pour me protéger et pour le pousser à sortir de la salle de classe car les enfants criaient et pleuraient. Une fois arrivés au bout du couloir, les enseignants sortis de leur salle et la directrice ont pris le relais. Je suis retourné dans la classe pour calmer les élèves.
Extrait 14
Dans ma classe de MS/GS, un élève autiste ne bénéficie que d’une AESH M au lieu d’un 100% comme demandé à la MDPH. Les moments où cet élève n’est pas accompagné sont de 7 h par semaine et le matin. Je suis dans l’incapacité de gérer ma classe dans un climat propice aux apprentissages et le caractère dangereux du comportement de cet élève, pour lui comme pour les autres m’empêche de travailler dans une atmosphère sereine et sécuritaire. Je m’inquiète quant au bon fonctionnement quotidien de ma classe. Mon emploi du temps ne peut se dérouler comme prévu et je me sens dépassée nerveusement. Je suis responsable de TOUS mes élèves, y compris, l’élève qui souffre d’un syndrome autistique manifeste.
Stages de préparation à la conférence
Pour préparer au mieux la conférence nationale du 17 novembre, la FNEC FP FO de Moselle a organisé 2 journées de stage :
le 7 novembre 2023 à Metz
le 9 novembre 2023 à Sarreguemines
Professeurs et AESH ont pu mettre en commun leurs témoignages, leurs expériences et une délégation a été désignée pour ce rendre à Paris le 17 novembre et porter au niveau national les constats du département.
Projet de Loi de Finances 2024 adopté sans débat au parlement à coup de 49-3, dans la nuit du 7 au 8 novembre
Dans le cadre d’une cure d’austérité – 16 milliards d’économies ! – imposée aux écoles, aux hôpitaux, aux collectivités territoriales, alors que nos services publics et les personnels sont étranglés par l’inflation, le gouvernement a inscrit l’Acte 2 de l’Ecole Inclusive dans son Projet de Loi de Finances 2024 adopté sans débat au parlement à coup de 49-3, dans la nuit du 7 au 8 novembre.
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